L’histoire de la Lorie

Depuis le XVIème siècle, le château n’a été vendu qu’une fois, ce qui a permis de conserver une grande partie du mobilier d’époque. Chaque génération de propriétaires a participé à l’embellissement du château en y apportant des modifications architecturales ou paysagères.

Les premières années du château de La Lorie
C’est en 1635 que René Le Pelletier, grand prévôt d’Anjou, fait poser la première pierre du nouveau château de La Lorie. Il n’y demeure pas toute sa vie, d’importantes dettes l’obligeant à le céder à son gendre, Gabriel Constantin, en 1664. Un inventaire de 1684 témoigne de la somptuosité du mobilier du château notamment composé de nombreuses tapisseries, de tableaux et de mobilier d’ébène.

Les grandes transformations du château de La Lorie
Gabriel-Félix Constantin achète la charge royale de commissaire-inspecteur des Haras du Roi dans les provinces du Maine, de l’Anjou et de la Touraine. Sa responsabilité était de veiller au bon emploi des étalons royaux auprès de nombreux éleveurs privés. Il finit par édifier d’immenses écuries sur le site du château de La Lorie.

Son fils, Charles-Félix Constantin, marquis de La Lorie modernise le château pour y recevoir de nombreuses personnalités souvent étrangères. Il fait construire de part et d’autre du corps de logis : les pavillons de la chapelle et du Grand Salon de Marbre.
Le  Grand Salon de Marbre est dessiné par l’architecte angevin Cheintrier. Les plans sont peut-être attribuables à Barré de Paris (qui avait également fourni ceux du château de Montgeoffroy). Le parti pris est de s’inspirer des plus beaux exemples d’une autre époque, celle de Louis XIV, redevenue à la mode à la fin du XVIIIème siècle. Ainsi, l’architecte prend pour référence les Salons de la Guerre et de la Paix à Versailles. Les dimensions sont les mêmes : les salons sont d’angles, éclairés par des baies ouvertes se reflétant dans des miroirs, les murs comme le sol sont tapissés de marbre véritable.
Le plafond du Grand Salon de Marbre est surmonté d’une coupole savamment décorée, destinée à capter la chaleur d’un lustre de soixante-douze bougies. Enfin, ce salon de réception est richement meublé par un ensemble de mobilier commandé à l’ébéniste parisien Pluvinet. L’ensemble complet, composé de 32 sièges de différentes formes (sofa, banquettes, bergères, fauteuils en cabriolet…) est toujours en place dans cette pièce du château.

Le château de La Lorie au XIXe siècle : 
La Marquise de Marmier, fille aînée du Marquis de La Lorie réside au château de La Lorie au moment de la Révolution française. Le château est occupé quelque temps par les troupes républicaines, entraînant par la suite de coûteuses réparations.

Le château de La Lorie est habité par la Marquise de Marmier jusqu’à sa mort, en 1842. Puis, c’est sa petite fille, la Duchesse de Fitz James qui s’y installe. Son fils, le Duc de Fitz James, mène un très grand train de vie à La Lorie, à tel point que la presse parle d’un “château quasi-royal”. Ses dépenses excessives le conduisent à vendre la demeure. 

La famille de Saint Genys :
Le château de La Lorie est vendu meublé en 1886 à un voisin, le marquis de Saint Genys dont la descendance est aujourd’hui toujours propriétaire. Le marquis de Saint Genys donne à son tour l’impulsion à des travaux d’embellissement.

Il commence par les jardins, entièrement redessinés par le paysagiste Édouard André (créateur du parc de Chantilly).
En 1904, au rez-de-chaussée, il fait construire par l’architecte parisien Émile Camut, la Grande Galerie. Il remplace ainsi l’escalier, la salle à manger et le billard par une majestueuse pièce d’accueil de style néo-classique.
La même année, une remarquable pièce en rotonde est ajoutée pour accueillir une nouvelle salle à manger. Cette dernière fut pensée pour intégrer des boiseries sculptées dans le style du grand art parisien des années 1730, achetées lors de la démolition du château de Vitry-sur-Seine.

La vie à la Lorie

En 400 ans d’histoire, le château de La Lorie a vu défiler plusieurs générations et des événements historiques majeurs. Jusqu’au milieu du XXe siècle, il régnait une véritable ambiance de village au château de La Lorie. Nombreuses étaient les personnes qui vivaient et travaillaient au château de La Lorie (percepteurs des enfants, jardiniers, personnel des écuries…).

Les loisirs au château de La Lorie : entre botanique, lecture et cheveaux
Dès sa construction, le château de La Lorie accueille de nombreuses plantes ornementales. À la fin du XVIIIème siècle, elles sont rejoints par d’autres, plus rares, comme des ananas. Une terrasse de 200 mètres de long avait été construite pour admirer le potager de plus de 7 hectares, l’un des plus grands de France : elle domine aujourd’hui l’hippodrome. La botanique était l’un des loisirs favoris de la famille Constantin. Ils possédaient d’ailleurs un alambic afin d’extraire l’essence des fleurs. Lors des troubles de la Révolution, les magnolias, rarissimes alors, sont envoyés au jardin botanique d’Angers pour y être protégés. La paix revenue, le parc de La Lorie est remanié et un catalpa est planté en 1818. Plus de 200  ans plus tard, l’arbre, désormais classé “arbre remarquable”, trône toujours dans le parc du château de La Lorie. Il fleurit début juillet avec de délicates grappes de fleurs blanches.
La lecture était également un des grands passe-temps au château de La Lorie. Au XVIIIe siècle, une aile fut consacrée à la bibliothèque, l’un des rares lieux où l’on pouvait trouver des ouvrages et des revues en Anglais. Dans les années 1750, la collection d’ouvrages témoigne, entre autres, d’un goût pour la philosophie des Lumières et en particulier pour les ouvrages de Voltaire. Tout comme ce dernier, plusieurs membres de la famille Constantin furent membres de l’Académie des Belles Lettres, sciences et Arts d’Angers, fondée en 1685 par Louis XIV. Charles-Constantin avait même décidé d’inscrire des vers de Voltaire et de Jean de La Fontaine sur les dessus de portes du Grand Salon de Marbre. La bibliothèque actuelle témoigne encore des divers centres d’intérêt des propriétaires successifs. Vous pourrez y voir de nombreux livres sur l’histoire des différents pays ou sur l’histoire des voyages, témoignant d’une grande ouverture et d’une curiosité pour le monde qui les entoure.
Enfin, jusque dans les années 1960, un vin blanc pétillant était produit en direct du château de La Lorie.

Les personnages illustres au château de La Lorie :
Fruits de plusieurs décennies d’étroite collaboration avec l’Angleterre, quelques personnages illustres britanniques ont été reçus au château de La Lorie.
En juillet 1962, la Princesse Anne séjourna une semaine au château de La Lorie. Elle était âgée de 12 ans ans et son amour des chevaux, déjà présent, avait sans doute joué dans le choix de cette destination. L’événement avait fait grand bruit dans la région, attirant de nombreux journalistes qui cherchaient à s’introduire dans le parc du château de La Lorie. Plus tard, en 1981 c’est au tour de la reine mère d’Angleterre de se rendre au château de La Lorie. Elle y fut accueillie, le temps d’un déjeuner, par le Marquis et la Marquise de Saint Genys.

Les événements historiques au château de La Lorie :
Lors de la Révolution française, le château est occupé. Les troupes pillent la cave, brisent quelques meubles, notamment le grand miroir du salon qui depuis lors a été conservé ainsi. Ils défoncent les toits pour faire passer la fumée des feux de bivouacs, tirent jusque dans les statues : l’oreille de l’un des emblématiques chien en pierre en conserve aujourd’hui encore la trace. Cependant, une partie du mobilier a pu être conservée puis complétée : c’est pourquoi le château a l’atout esthétique et historique d’être toujours orné de son mobilier d’origine.

Lors de la première guerre mondiale, le château de La Lorie a servi d’hôpital militaire, loin des tranchées, pour la convalescence notamment des officiers britanique…une histoire française à la Downtown Abbey.

En 1940, les armées allemandes occupent le château. En 1942, profitant de changements de positions, le marquis de Saint Genys propose aux Musées nationaux de mettre à disposition le château de La Lorie, son personnel, ainsi que le garde champêtre (le marquis de Saint Genys étant aussi maire de la commune) : c’est ainsi qu’arrivent de nombreuses caisses d’oeuvres d’art provenant des musées ou de monuments historiques d’Angers ou de Château-Gonthier, mais aussi de Rennes, d’Amiens, d’Abbeville de la seconde guerre mondiale, les anciennes écuries du château deviennent un centre de convalescence pour les soldats blessés au front. L’enceinte du château, elle, devient un abri pour les oeuvres d’art des musées nationaux, notamment le musées des beaux arts de la ville de Rennes.

Le cheval à la Lorie

Un élevage de prestige
Depuis les Constantins, l’histoire du château de La Lorie est intimement mêlée à celle de l’élevage des chevaux en France.  Une histoire qui commence dans les années 1730, lorsque Gabriel-Félix Constantin acquiert la charge de commissaire-inspecteur des haras du roi dans les provinces du Maine, de l’Anjou et de la Touraine. Sa responsabilité était de veiller au bon emploi des étalons royaux auprès de nombreux éleveurs privés. Sa passion du cheval le conduit à créer son propre haras : il édifie, au château de La Lorie, d’immenses écuries et communs à la disposition unique pour l’époque.

Son fils, Charles-François Constantin, séjourne en Angleterre où il se lie d’amitié avec de nombreux notables britanniques. C’est au château de La Lorie, qu’il reçoit les officiers anglais en séjour à l’Académie d’équitation d’Angers.

Charles-François Constantin se procure des étalons anglais au prestigieux pedigree : Atlas, Saucebox (renommé “L’Espiègle”) et Regulator. Ils rejoignent dans les écuries du château de La Lorie six ou sept poulinières françaises, et participent avec les écuries du duc d’Orléans et du prince de Condé, à l’acclimatation du pur sang anglo-arabe en France.  C’est ainsi que le château de La Lorie poursuit sa fonction de grand haras privé dont le renom dépassait largement les frontières angevines.

L’hippodrome du château de la Lorie
Le champ de courses, installé au pied des terrasses du château pendant la seconde moitié du XIXème siècle, assure aujourd’hui encore la célébrité du château de La Loire.
L’hippodrome du château de La Lorie est situé à une dizaine de kilomètres de l’hippodrome de l’Isle-Birant, au Lion d’Angers, et à une quinzaine de kilomètres de la Mayenne, première région d’élevage de chevaux en France. Il est dominé par les terrasses et les jardins du château de La Lorie, ponctués par un mail de tilleuls. Depuis les tribunes du champ de courses, vous pouvez profiter de cette vue inédite sur les jardins ainsi que sur la rotonde du château de La Lorie.

Le champ de course demeure privé et fait partie de la propriété. Il est considéré comme l’un des plus agréables de l’Ouest de la France. Vous y assisterez principalement à des courses de trot et de steeple-chase

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